09/09/2014

Goodbye, démocratie ?


J'ai pu récemment visionner "Goodbye, Lenin !" de Wolfgang Becker sorti en 2003 (lien https://www.youtube.com/watch?v=cV_c4YmJsoc choix des sous-titres possibles). A la fois truffé d'humour et présentant les faits, ce film retrace sur le fond la fin du communisme (en particulier le moment de la réunification Allemande) et l'arrivée victorieuse du capitalisme en RDA. Pas de parti pris, la critique des deux idéologies est mesurée et bien faite, autant pour le communisme "étatique" que pour le capitalisme.
Sauf qu’aujourd’hui, le capitalisme est la doctrine bien-pensante qui couvre la quasi totalité de la surface de la Terre, conduisant avec échec aux crises économiques, sociales et environnementales que nous vivons actuellement. Le capitalisme (et le communisme) n'ont pas su anticiper le "début de la fin" du pétrole bon marché et la raréfication de multiples ressources (autres énergies et métaux par exemple), chacun ayant utilisé à sa façon le productivisme comme moteur. Revoir en profondeur la façon dont nous vivons n'est pas vraiment la priorité de l'oligarchie bien en place qui tient les manettes.

Sous cet angle, quelles sont les solutions qui s'offrent à nous ? La revue S!lence de septembre 2014 (n°426) aborde les autres formes de démocratie, où les citoyens semblent plus impliqués, sollicités dans les projets. Là encore, un long chemin reste à parcourir devant les inconvénients contre lesquels chaque initiative doit faire face (exemples de la revue : tirage au sort en Islande, démocratie directe en Suisse, rotation des mandats à Saint-Nazaire).
D'autres peuples se sont essayés à vivre de façon radicalement différente, c'est le cas des zapatistes dans le Chiapas mexicain (lire le livre de Guillaume Goutte : Tout pour tous, l'expérience zapatiste, une alternative concrète au capitalisme, 2014 ed Libertalia). Ayant eu recours à la violence suite au refus d'appliquer les accords de libre-échange de l'ALENA (Accord de Libre Echange Nord Atlantique), ces sud-américains n'ont pas subi les lois qui leur étaient depuis imposées. Ils avaient vu que cet accord tuerait l'agriculture du maïs, aliment de base au Mexique, et que le maïs américain hyper-subventionné inonderai leur pays (voir à ce sujet le documentaire de Marie-Monique Robin "les déportés du libre-échange" lien https://www.youtube.com/watch?v=tG89P8II0cA). Bien que le passage aux armes paraisse de trop, les zapatistes ont expérimenté depuis 20 ans une autre façon de vivre et de décider, à la manière de l'autogestion. Le livre de Guillaume Goutte aborde également les axes d'amélioration dont les zapatistes sont conscients, notamment en matière de santé, de justice ou de liberté des femmes. Mais prendre les armes et devoir les garder ou même suivre ce modèle radical n'est peut-être pas applicable ici, maintenant.

Une alternative réside très certainement dans les mouvements de transition expérimentés en Irlande à Kinsale et pratiqués en Angleterre, d'abord à Totnes en 2006 sous l'impulsion de Rob Hopkins (il me reste à lire son "Manuel de transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale", 2010). Dans ce concept, les citoyens prennent les choses en main, se réapproprient la monnaie (locale), les espaces communs, l'énergie, la nourriture à travers la permaculture, etc... Le pouvoir de faire les choses est réel et n'est plus uniquement le bon vouloir des technocrates bien trop éloignés du terrain (lire l'article "démocratie et citoyenneté à l'heure du gigantisme" dans le n°246 de S!lence). En effet, plus la structure démocratique s'élargit, moins elle est au fait de la réalité. L'avantage de "vivre" la transition est que tous les citoyens en tirent un bénéfice par l'implication. Devenir acteur et observer des résultats concrets rapidement à l'échelle locale change tout. C'est une vraie révolution "par le bas" qui se déroule de façon apolitique, en constatant avec bon sens que certaines issues ne sont pas viables maintenant, et encore moins pour les générations futures.
Alors, quel modèle pour demain ? Quel est celui qui nous inspire ? On continue à foncer dans le mur avec le capitalisme ? On revit le communisme et l'omniprésence de l'Etat ? On met tous un passe-montagne et on devient zapatistes ? On initie la transition citoyenne ? En tout cas, de petites révolutions devront naître localement afin d'ériger une nouvelle façon de vivre qui nous convienne, mais laquelle ? C'est une démarche individuelle, chacun doit y répondre par la prise de conscience et l'implication. Qu'elle soit associative ou dans des luttes (sociales, écologiques, etc...) ; par le boycott de ce qu'on ne souhaite plus voir ; par l'utilisation de monnaies locales ou en changeant de banque ; en faisant le choix de moins se déplacer, de ne plus utiliser la voiture mais le vélo ou les transports en commun ; en se lançant dans la permaculture, le potager ou en rejoignant une AMAP ; en apprenant à connaître et à partager avec ceux qui nous entourent. Car c'est par le bas et main dans la main que viendront s'ajouter à toutes celles déjà présentes, les initiatives qui animeront le monde de demain.

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