03/02/2017

La famille presque zéro déchet

On pourra me reprocher de trop souvent faire la part belle aux initiatives individuelles, mais elles sont indissociables des initiatives collectives. Et dans tous les cas, la modification du comportement de chacun est indispensable à l’accomplissement du changement commun. Les deux sont nécessaires pour amener un futur vivable à nos enfants, mais je ne suis pas spécialiste de la question et préfère partager ma propre expérience de l’évolution de notre foyer vers quelque chose de durable. Des livres comme le Manuel de Transition de Rob Hopkins [1] reste une référence pour mobiliser les troupes autour de l’après-pétrole, et le livre de Philippe Bihouix L’âge des low-techs [2] autour d’une société plus sobre est incontournable ; ou encore le blog de Robin [3] qui évoque des thèmes indispensables, des transformations à mener pour le prochain vivre ensemble.

Cette petite entrée m’a semblé nécessaire à l’introduction du sujet que je souhaite développer ici, tendre vers le zéro déchet. J’entends déjà les rires moqueurs des adeptes de la critique facile, qui catalogueront cette rubrique dans le bobo-écologisme. Il est vrai que lorsqu’on m’a prêté ce livre, La famille presque zéro déchet de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret [4], ce même préjugé m’a traversé la tête. Mais en tout bon esprit critique que j’espère tenir, je me suis lancé dans la lecture du bouquin avant tout. Je crois que j’ai très bien fait.
Je ne vais pas dire que j’ai été littéralement transformé, car j’étais déjà sensibilisé sur ce sujet, mais il contient énormément d’éléments qui transpirent de bon sens auxquels nous n’avions pas pensé. Le tout est orchestré avec humour et graphismes, ce qui est plaisant en tous points. Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce livre, est de n’aborder que les déchets visibles provenant de nos poubelles, et non des déchets masqués, indirects, liés à nos déplacements, notre travail, Internet [5], les toilettes [6] ou à l’électricité (voir le syndrome de la bouilloire [7]). Dans l’ensemble, le livre permet de prendre conscience qu’une grosse partie des déchets du foyer peuvent être évités en simplifiant principalement nos processus alimentaires et d’hygiène ; notamment lorsque les emballages plastiques omniprésents (et payés avec le produit) n’ont pour seul et unique but que de finir enfouis ou incinérés. En lisant l’ouvrage, on prend la mesure que nos déchets sont conditionnés par nos modes de vie, et vice-versa. Qu’une profonde remise en question est nécessaire pour éviter d’utiliser de la matière et de l’énergie qui sera jetée, ou laissée là durant des siècles. Une fois le livre terminé, on a l’impression de voir partout des candidats à la décharge. L’autopsie de notre poubelle, puis le tri des déchets en catégories est le meilleur exercice pour déceler quels sont les efforts à fournir. Nous pensions être bons de ce côté-ci mais finalement en nous organisant mieux et en allant un peu moins à la facilité par moments, les quantités d’ordures pourront encore être minimisées.
C’est à ce moment que je fais le lien avec l’introduction de ce billet : ces réflexions au départ sur un comportement individuel, nous poussent à regarder plus loin et à voir la manière dont sont conçues nos sociétés. Malheureusement, considérer uniquement le déchet ne permet pas de remettre en cause tout un système, il doit être un des multiples rouages à analyser pour concevoir une société post-énergie-pas-cher-et-abondante la plus désirable soit elle !
Au boulot !
Jérémie Pichon et Bénédicte Moret entretiennent un blog [8] plein d'humour sur lequel ils partagent leur expérience, des astuces et des recettes de produits à faire soi-même.

Références :
[1] Manuel de transition de Rob Hopkins http://www.revuesilence.net/index.php?page=livre_transition
[4] La famille presque zéro déchet Ze Guide, Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, éditions Thierry Souccar, 2016. http://www.thierrysouccar.com/livre/famille-presque-zero-dechet-ze-guide-3096
[5] Internet, la pollution cachée https://www.youtube.com/watch?v=75mx9pRJyLg