08/09/2017

Ville ou campagne : où se trouvera la résilience ?


Source image : www.secours-catolique.org

Il est difficile d’imaginer le monde que nous aurons vers 2030, période à laquelle notre système basé sur l’énergie abondante et bon marché se sera probablement effondré [1]. Cela est difficile car la complexité de cette mégamachine est incroyable, les facteurs d’effondrement sont multiples, quelques mesures timides de transition tenteront de limiter la casse, la biodiversité se raréfie, le climat nous réserve également ses (mauvaises) surprises, etc.
Je me demande qui de la ville ou de la campagne passera le mieux le cap ; quels territoires auront la « chance » d’offrir les 1ers moyens de subsistance aux populations ? L'accès à la nourriture sera principalement abordé.
La ville, en premier lieu, est d’une fragilité extrême pour ce qui concerne la nourriture. Même avec le développement de l’agriculture urbaine et une bonne culture maraîchère de périphérie, cela semble trop léger pour subvenir aux besoins d’une population dense et nombreuse (100000 et plus). Développer dès maintenant et à fond une réappropriation de tous les espaces cultivables [2], transformer les terrains vagues en jardins forêts [3] paraît indispensable. Chaque recoin de terre disponible (rond point, jardinière, parc, etc.) doit être envahi par des plantes comestibles. Face à la faible disponibilité de victuailles, les tensions seront fortes (les pillages auront lieu, espérons toutefois éviter la barbarie), et l’exode vers les campagnes sera massif. Pour autant, l’organisation intra-muros nécessitant peu de déplacement pourra occasionner une facilitation des échanges, et un accès plus grand à la diversité de produits de première nécessité. C’est le grand avantage de la ville – si elle est bien organisée – devant la campagne profonde.
Pour cette dernière, nous pouvons imaginer un scénario plutôt inverse. Il sera possible de cultiver toute l’année sa subsistance, si des semences paysannes reproductibles sont à disposition du plus grand nombre. Chacun devra se réapproprier la fourche et cultiver son jardin. Ici aussi, les espaces disponibles devraient dès aujourd’hui se transformer en forêts nourricières [4] afin qu’une quantité abondante de fruits, plantes et arbres comestibles soient à portée de main. Est-ce que ce sera suffisant pour absorber l’exode qui viendra des villes ? Des bouches à nourrir s’inviteront rapidement aux abords de la nourriture existante, le 1er besoin que la population cherchera à assouvir. Les moyens de conservation des récoltes devront être bien anticipés (farines, conserves, fruits et légumes séchés, etc.) afin d’affronter les hivers, plus compliqués. La population rurale devra faire preuve d’adaptabilité pour s’organiser en petites communautés afin de répartir le labeur, que des espaces communs soient entretenus, que des spécificités se répartissent selon les appétences de chacun. L’autonomie devra se montrer plus grande car les échanges entre lieux résilients seront moins nombreux, et le confort quasi exclusivement sur les restes de la civilisation industrielle dans un premier temps. Une relocalisation et une réappropriation de savoir-faire ancestraux, artisanaux, sera obligatoire pour effectuer la transition de machines modernes et énergivores vers des techniques qui ne font appel qu’à l’énergie humaine ou animale. Il ne faut pas oublier que certains coins de campagne sont actuellement des lotissements stériles – sorte de cité dortoir de luxe pour certains actifs urbains.
La vraie résilience se situe certainement quelque part à la fusion des deux modèles. Un village de campagne bien développé à la petite ville 2000-5000 habitants maximum, où prolifèrent les espaces potagers entretenus selon les principes de la permaculture, où les plantes et les arbres abondent pour diversifier les apports et minimiser les risques. Des lieux de vie à taille humaine facilement parcourables dans leur ensemble en peu de temps avec le retour de la bicyclette [5], le renouveau du cheval comme moyen de transport. Une vie beaucoup plus simple et frugale [6] devenue monnaie courante, indispensable pour se sauver tous. Le retour des artisans [7] et de leur richissime savoir-faire, des herboristeries [8], de la culture des simples.
Une chose est sûre, cela ne se fera pas sans douleur car l’anticipation n’est pas assez grande, et il faudra compter sur un solidarité sans faille tout en se retroussant sérieusement les manches. Notre futur dépendait d’hier, alors c’est aujourd’hui que nous devons nous préparer à limiter la casse.


Références :
[1] http://www.liberation.fr/debats/2017/08/23/de-la-fin-d-un-monde-a-la-renaissance-en-2050_1591503
[2] http://lesincroyablescomestibles.fr/
[3] https://reporterre.net/Quand-la-permaculture-cree-des
[4] http://benjamin.lisan.free.fr/projetsreforestation/forets-nourricieres_climat-tempere.pptx
[5] http://mendosolo.blogspot.fr/2016/07/frederic-heran-le-retour-de-la.html
[6] http://mendosolo.blogspot.fr/2017/04/la-necessite-de-la-simplicite-volontaire.html
[7] http://gorgerouge.unblog.fr/2017/05/08/revenir-a-une-societe-artisanale-8-mai-2017/
[8] https://reporterre.net/Le-grand-retour-de-l-herboristerie