14/09/2015

Zombies en voiture

Je suis encore troublé par ce que j'ai vu il y a quelques jours. Pourtant, j'avais déjà connaissance des écrans incrustés dans les appuis tête des voitures, qui permettent aux enfants de regarder docilement leur dessin animé favori pendant que les parents mènent le trajet ; mais là j'ai pu observer deux bambins en pleine utilisation. Je crois que le terme de "zombie" n'est pas trop fort pour les qualifier. Chacun muni de son casque, coupé de la réalité et le regard flottant, les deux êtres semblaient vidés de toute vie. Plus rien ne les animait, ni même un battement de paupière. Les yeux écarquillés, stoïques, la pâle projection bleue de l'écran teintant leur peau livide ; aucune interaction possible avec l'extérieur qui continuait de tourner.
J'entends d'ici les justifications : "au moins ils ne se chamaillent pas pendant qu'on roule, ils sont calmes". C'est vrai qu'ils sont calmes. Même inexistants. L'écran détourne leur nature d'enfant. Un enfant joue, crie, saute, se chamaille, se fait réprimander s'il va trop loin. On lui indique nos propres limites qu'il teste sans arrêt. Avec l'écran, on leur impose d'être une statue contre leur gré, sans les occuper de façon plus intelligente. Si les petits aiment tirailler, chercher, c'est pour construire des relations, des liens avec leurs parents, des liens fraternels. Ces maillages si forts dont ils jouiront de la puissance avec l'âge. Les inhiber de cette manière ne leur rend pas service, loin de là. Ils bâtissent leur imaginaire, leur idéal, à partir de ce que déverse cet écran, en dehors de toute réalité. Ils sont déconnectés du réel, mais restent connectés au virtuel en permanence...

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