17/01/2015

Emotion et récupération

Je n'avais pas encore pris le temps de m'exprimer au sujet des attentats contre Charlie Hebdo, préférant observer et tenter de comprendre les réactions multiples qui ont suivi. Certaines, bien que diverses, m'ont interpellé et permis d'analyser la situation, comme celles d'Abd Al Malik, de Caroline Fourest, de Frédéric Lordon, ou encore de Benoît Thévard (qui résume au mieux le fond de ma pensée).
Il est clair que des politiques de toutes parts vont tenter de récupérer au mieux ces évènements, afin d'occulter les échecs de leurs réformes, de redorer les blasons, et bien sûr de renforcer les mesures sécuritaires déjà en place.
Mais est-ce une raison pour fustiger l'ensemble des 3 à 4 millions de personnes ayant participé à ces rassemblements, brandissant un "je suis Charlie", message clair et flou à la fois ? Je ne crois pas, car beaucoup ont manifesté leur peine et leurs émotions à travers ce slogan sans penser qu'il pouvait être récupéré, venant souiller le réflexe sensible d'une population blessée.
Ma crainte principale est de savoir quelles seront les conséquences - par le biais de mesures - qui découleront de l'évènement : sécuritarisme renforcé et dissimulation plus accrue des problèmes de société, ceux qui conduisent indirectement à de telles tragédies.
Oui, il ne faut pas oublier que ce sont les inégalités, l'exclusion, l'ignorance, le manque de culture, d'éducation, la misère (au sens où les besoins fondamentaux ne sont pas comblés), qui font le terreau du terrorisme dans toutes ses formes, et qui placent la liberté dans un étau qu'on ne cesse de serrer.
Vivre bien, tous ensemble n'est qu'une utopie dirons certains, mais j'estime l'Homme suffisamment intelligent pour arriver un jour à exister dans la coopération en assimilant les différences, plutôt que dans des rapports de force sans cesse mouvants, conduisant à coup sûr à la haine de l'autre, la terreur et la guerre.

Aucun commentaire: