19/08/2014

Le bluff du monnayeur automatique

C'est par hasard que je me suis retrouvé dans une boulangerie équipée d'un monnayeur automatique. Le principe est simple : c'est le client qui introduit ses pièces dans l'appareil et qui reçoit la monnaie, tel un horodateur.
Les entreprises vendant ces appareils vantent un gain de temps accru pour les clients, une hygiène augmentée, une "amélioration des conditions de travail du personnel" car les "vendeuses n'ont plus à compter", et bien entendu une sécurisation de la monnaie qui tombe directement dans un coffre fort.
Tout cet argumentaire semble bien huilé pour conquérir au mieux tous les commerces de proximité. Malheureusement "perdre du temps" dans une boulangerie paraît quelque peu grotesque, car c'est l'échange, la discussion, le lien social créé avec le boulanger, la vendeuse ou d'autres clients que l'on vient chercher. Installez des distributeurs automatiques de pains ultra rapides et vous verrez que les gens ne les utiliseront pas !
L'argument de l'hygiène est là encore une supercherie car le pain transite bien d'une main à une autre. De plus, nous savons bien qu'aujourd'hui nous avons trop aseptisé, ce qui a engendré des organismes plus fragiles (les microbes stimulent le système immunitaire).
Quant à l'amélioration des conditions de travail, là encore je reste coi. L'appareil ne changera pas les relations humaines (bonnes comme mauvaises) qu'il peut exister entre les vendeuses et leurs patrons, ainsi qu'avec les clients désagréables. Ils seront toujours là ! En réalité, la machine prend à nouveau la place de l'homme qui laisse son cerveau sans réflexion, en quoi cela l'épanouit-il ? Et le but ultime certainement de remplacer le personnel existant par cet appareil. Par exemple, au lieu de deux vendeuses, on peut imaginer le remplacement d'une par cet engin tout en conservant la seconde. Ce qui génère du bénéfice pour le gérant, et du chômage (comme pour tout travail manuel autrefois réalisé par les hommes maintenant effectué par les machines, sans pour autant augmenter le nombre de personnes actives puisque le chômage ne fait toujours qu'augmenter). Pour contrecarrer à nouveau ce point et pour faire transition sur le suivant, ces machines occasionnent soit un achat de 25000€, soit une location de 5400€ à l'année. Autant dire que des erreurs de caisse aussi grosses paraissent aberrantes. Le gérant se serait déjà séparé d'un tel personnel.
Pour terminer, le vol de la caisse n'est ici plus envisageable (ce qui devient psychologiquement difficile lorsque cela arrive à une vendeuse, bien entendu), mais même lorsque c'est le cas (parlons uniquement de la somme dans la caisse qui est dérobée), je me demande bien qui est le voleur au vu du coût que cette machine représente.
Encore une fois, il s'agit d'équiper les boulangeries les plus grosses. Celles qui font le plus de bénéfice pour leur donner un aspect "sécurisant" au détriment des plus petites, celles des artisans, par tout un processus de marketing bien en place, sans compter la propagande télévisuelle journalière alimentant la peur de la moindre sortie de chez soi. C'est ce qui s'appelle surfer sur la vague de la peur.

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